Les années d'étudiant et de laboratoire


Boulogne-Billancourt


     L'avancement de mon père l'avait conduit à être nommé directeur de l'Hôpital Ambroise Paré de Boulogne. A l'époque, cet hôpital n'était pas situé au même emplacement que l'actuel hôpital du même nom. Il était le long de la route nationale 10, qui part de la porte de St-Cloud, traverse Boulogne, franchit la Seine, traverse ensuite Sèvres, Chaville, etc... vers Versailles et bien au-delà.
     L'Hôpital était donc au bord de cette grande avenue, et également, faisant angle, au bord d'une rue qui rejoignait l'île Seguin, où étaient installées les usines Renault ( cette proximité des usines Renault entraîna, lors de la dernière guerre, la destruction de l'hôpital par les bombardements alliés ).
     Si bien qu'un des bras du fleuve humain des ouvriers de chez Renault, s'écoulait par cette rue, le matin dans un sens, et le soir dans l'autre, sous nos fenêtres.
     Là, j'ai eu beaucoup moins de facilités pour bricoler, ou faire des expériences de chimie, ou autre... que je n'en avais eu dans mes habitats précédents.
     Nous habitions au premier étage, et c'était un appartement normal. Il n'y avait plus ces lieux annexes que j'avais tant appréciés à Bicêtre. Cependant, il avait une terrasse de huit mètres de long sur quatre de large, à vue de nez, et cette terrasse me fut utile par la suite.

     Une fois en possession du précieux parchemin du bac, se posait la question de poursuivre les études. Dans quelle direction ? J'avais été très bon en mathématiques jusqu'en première. En math-élem, cela avait un peu faibli pour les maths, tandis que la physique et la chimie marchaient toujours très bien. Un coup d'œil sur les programmes de mathématiques demandés pour l'accession aux grandes écoles, notamment l'école de Physique et chimie, celle qui m'aurait attiré le plus, m'avait réellement effrayé. Comme je venais, en plus, d'être affaibli par une sorte de grippe très sérieuse, je préférais une voie où les maths seraient moins ardues. Et c'est ainsi que je préparai le concours d'entrée à l'Institut de Chimie de Paris. C'est donc en tant qu'ingénieur chimiste que j'ai un diplôme d'ingénieur, bien que j'aie fait très peu de chimie dans ma vie.

L'INSTITUT DE CHIMIE

     Je ne m'étendrai pas sur mes études de chimie, sauf pour mentionner la pratique de l'analyse quantitative ( dosages volumétriques et gravimétriques ). Sous la direction d'un maître aussi sévère, exigeant, et rigoureux que monsieur le Professeur Binet du Jassonneix, c'était une école de rigueur, de méticulosité. Cette formation m'a certainement été utile par la suite, même pour faire autre chose que de la chimie.
     Un autre professeur eut aussi beaucoup d'importance pour moi : le professeur René Audubert, professeur de chimie-physique. Plus jeune que les autres professeurs de l'Institut de Chimie, il savait rendre ses cours intéressants par des expériences spectaculaires ; les travaux pratiques dans ses locaux étaient un vrai régal et je devins vite un familier de son laboratoire ; nous en reparlerons.
     Il est à noter que l'hostilité patente entre Binet du Jassoneix et Audubert fournissait régulièrement des sketches pour notre revue annuelle !
     Pour égayer un peu ce chapitre consacré à mes études de chimie, je rapporterai une anecdote qui illustre le dicton : " Ce que femme veut… ".
En troisième année, nous devions, ma " binôme " et moi, préparer du sulfure de Zirconium, par une réaction que j'ai oubliée, qui se passait dans un tube chauffé dans un four ; l'assistante qui supervisait nos projets, une grande et jolie blonde de type scandinave ( elle portait le plus souvent sur elle une souris blanche dont les garçons enviaient les privautés ) me conseilla de choisir un tube à boules , en sorte que l'on puisse le sceller en ampoules, le produit étant altérable à l'air. J'objectai que, le produit étant solide, il risquait de boucher les étranglements et , de toute façon, empêcher le scellement ; un tube droit me semblait donc préférable.
     L'assistante me dit : "C'est votre projet, faites à votre idée" mais je sentais bien qu'elle aurait préféré la sienne . J'allai donc chercher au magasin un beau tube de verre bien droit et nous montâmes la manip, qui se déroula en apparence comme prévu. Mais il dut y avoir des surchauffes locales, atteignant le point de ramollissement du verre : lorsque nous sortîmes le tube, il avait gonflé par endroits, assez régulièrement espacés ; c'était devenu un tube à boules !

     Comme nombre de mes condisciples, en même temps que l'enseignement de l'Institut de Chimie, je suivis des cours en Sorbonne pour préparer des certificats de licence. Je passai ainsi Chimie-Géné, Chimie-Appliquée et Physique-Géné.

     C'est à l'Institut de Chimie que j'eus comme condisciple, puis comme ami celui que je désignerai AB, qui, par sa gentillesse et sa générosité, eut une influence importante sur mon évolution intérieure..

     Laissons un moment mes études pour revenir à la TSF.

               Évolution de la TSF
     Au début de notre installation à Boulogne, il n'était encore question pour moi que de lampes Radio-Micro ou leur version nettement améliorée par la société Philips, c'est à dire la série A409, A410, B406, B405, toutes triodes. Les lampes à écran venaient de faire leur apparition. Je me rappelle que mon père fit acheter , pour les infirmières, un poste qui était le poste moderne en ce temps-là : une changeuse de fréquence bigrille A441, une amplificatrice moyenne fréquence à écran A442, une détectrice triode haute performances B424 et enfin une basse fréquence de puissance pentode B443 ou C443. Toutes ces lampes étaient à chauffage direct et ce poste moderne était encore un poste " batteries ".      L'aérien était, classiquement, un cadre à quatre enroulements qu'un commutateur permettait de mettre en série, en série-parallèle ou en paralléle, ce qui évitait les " bouts-morts " et permettait de couvrir les gammes des ondes longues et moyennes. Le couplage entre la convertisseuse et l'amplificatrice était assuré par un " Tesla " que je ne mentionne ici que parce qu'il était constitué de bobinages toroïdaux de toute beauté.
     Avec ses quatre tubes " modernes ", ce poste était largement aussi performant que le " superhétérodyne " à triodes plus nombreuses que je réalisai à peu près à la même époque, mais dans une technologie plus ancienne, grâce à un ami de ma famille, que je désignerai RP.

               Le superhétérodyne.     L'ami RP
     Cet ami fut pour moi vraiment providentiel, car il achetait du matériel radio. Il l'essayait, s'en servait quelque peu, et puis ensuite, il me le donnait pour acheter quelque chose de plus récent.
     C'est ainsi que j'ai eu, venant de lui, d'abord un jeu de transformateurs moyenne fréquence, à soixante kilohertz, qui m'a permis de faire mon premier changeur de fréquences.
     Ensuite, tout ce qu'il fallait pour faire une alimentation plaques : un transformateur Ferrix avec un secondaire deux fois cent cinquante volts, et un autre secondaire 4 volts, pour le chauffage de la valve ; il m'avait fourni aussi des lampes bi-plaques Cyrnos, permettant le redressement en deux alternances de la tension fournie par le transformateur. M'a-t-il fourni les condensateurs de filtrage ? Je n'en suis pas sûr. Je sais que je m'en suis procuré ; on était d'ailleurs peu exigeants sur la qualité du filtrage et l'on se contentait alors de quelques " pavés " PTT de 2 ou 4 microfarads.
     J'ai donc pu m'affranchir de ma fameuse batterie d'accumulateurs de quarante volts, dont les plaques de plomb commençaient à donner des signes sérieux de corrosion, à l'endroit où elles sortaient de l'électrolyte. Mais les accumulateurs revinrent, sous forme d'une batterie commerciale de 4 volts, pour assurer cette fois le chauffage des filaments, car la vaillante batterie de piles Féry ne pouvait plus suffire à chauffer 5 ou 6 lampes
     Plus tard, ce même R.P. me fit cadeau d'un haut parleur électrodynamique tel qu'on les concevait alors, c'est à dire avec une énorme culasse et une excitation 6 volts, assurée par un transfo et un redresseur à
l'oxyde de cuivre. ( photo ci-contre ; cliquer sur l'image pour l'agrandir et bénéficier d'un commentaire.(36 ko). Tout cela formait un ensemble extrêmement lourd, et qui, évidemment, surclassait immédiatement et de combien, surtout dans le domaine des graves, les haut-parleurs courants à l'époque, c'est à dire des diffuseurs à cône de papier mû par un "moteur" électromagnétique à deux ou quatre pôles. J'avais construit plusieurs de ces engins à partir d'aimants de magnétos de téléphone.
     La nécessité d'une excitation séparée pour les électrodynamiques d'alors fit qu'on les réserva aux fortes puissances sonores et le cinéma parlant y fit largement appel. Leur diffusion ne vint que lorsque les postes secteur prirent en charge leur alimentation.

               Les changeurs de fréquence.
     Puisque j'ai évoqué mon premier changeur de fréquence, je vais dire un mot de la structure de ces appareils.
     Le premier but des changeurs de fréquence, d'abord appelés super-hétérodynes, dont le principe fut imaginé dès le début des années 20, fut d'obtenir une amplification plus grande, qu'on ne pouvait pas avoir facilement en amplification directe. La capacité grille plaque des triodes était d'autant moins gênante, que la fréquence amplifiée était plus basse. Donc, l'idée première fut de pouvoir obtenir toute l'amplification que l'on désirait sur une fréquence intermédiaire basse, d'où les fréquences de trente ou soixante kilohertz utilisées au début.
     Le principe du changement de fréquence est d'appliquer à un dispositif non-linéaire le signal incident et un signal issu d'un oscillateur local ( on disait alors " première hétérodyne " ). A la sortie du dispositif non-linéaire on recueille les deux signaux, leurs harmoniques et une série de signaux de combinaisons dont les plus importants sont deux signaux de fréquences égales à la somme et à la différence des fréquences des signaux incident et local.
     Dans ce mélange complexe, on sélectionne, par des circuits accordés, le signal que l'on désire amplifier.
     Comme on désirait amplifier des fréquences plus basses que la fréquence incidente, c'était obligatoirement le signal " différence " qu'on sélectionnait ; ce qui laissait deux possibilités, la même fréquence intermédiaire ( longtemps appelée " moyenne fréquence " ) pouvant être obtenue par un oscillateur local décalé de cette moyenne fréquence en-dessous ou au-dessus de la fréquence incidente.
     Pour entendre la télégraphie en ondes entretenues, il fallait ajouter une " deuxième hétérodyne " donnant un battement à fréquence audible avec la moyenne fréquence, d'où le nom de " première hétérodyne " donné à l'oscillateur local. Cette deuxième hétérodyne était évidemment inutile pour la réception de la téléphonie.
     L'amplification se faisant sur fréquence fixe, on put multiplier les étages sans avoir à se préoccuper de leur accord simultané. Du même coup, la sélectivité fut considérablement améliorée.
     Il fallait quand même prendre certaines précautions pour pouvoir avoir plusieurs étages, sans risquer l'auto-oscillation de l'ensemble. Dans ce but, la liaison d'étage à étage se faisait par un transformateur, dont le primaire n'était pas accordé, de manière à présenter à la plaque une impédance relativement basse. Seul le secondaire était accordé. Ceci pour les transformateurs inter-étages fréquence intermédiaire.
     Le premier transfo, traditionnellement appelé Tesla, lui, était accordé coté plaque et coté grille, mais là, on était tranquille puisque, la (ou les) grille(s) de la convertisseuse étaient accordées sur des fréquences tout à fait différentes de la plaque, accordée, elle, sur la fréquence intermédiaire.
     Lorsqu'on faisait se succéder plusieurs étages, ce qui était toujours le cas, comme on n'utilisait pas de blindage, comme on n'utilisait pas non plus, et ça je ne sais pas pourquoi, de neutrodynage, dont le principe avait pourtant été établi par Hazeltine et Rice, et qui eut été assez facile à mettre en œuvre, puisqu'on travaillait sur une fréquence fixe, il arrivait un moment où l'amplification était suffisante pour qu'une réinjection d'une faible partie de la sortie vers l'entrée, par n'importe quel couplage, capacitif, inductif ou résistif, fasse entrer le système en oscillation.
     Pour contrer cette oscillation des étages moyenne fréquence, on avait recours à un procédé qui peut paraître barbare. Il l'était en effet. On ramenait les retours des circuits grilles, non pas au pôle négatif du filament, mais sur un potentiomètre qui était branché en parallèle sur les filaments. En rendant légèrement positif par rapport au milieu du filament, le potentiel des grilles, on provoquait un courant grille qui amortissait suffisamment les secondaires pour que l'oscillation n'ait pas lieu. En soi, ce procédé était quelque peu stupide, puisque après s'être donné du mal pour obtenir une grande amplification, on la diminuait volontairement en amortissant les circuits grilles, on perdait par là même de la sélectivité, qu'on avait été bien content d'obtenir grâce au changement de fréquence. Donc, ce procédé, bien qu'universellement employé, était loin d'être recommandable.
     Le changement de fréquence était fait au départ par deux lampes, une première détectrice, comme je l'ai mentionné précédemment, et une "première hétérodyne " ; c'est la disposition qui figure dans les brevets initiaux. Mais comme on était toujours en train de chercher à réduire le nombre de lampes, on s'efforça bien vite de faire le changement de fréquences avec une seule lampe. Il y eut des montages utilisant dans ce sens une triode. Le problème était que l'onde incidente ne synchronisât pas l'oscillation locale sur sa fréquence, pour cela on utilisa des montages astucieux dont l'un était appelé Tropadyne, mais la solution qui se généralisa bientôt, fut d'employer en convertisseuse une bigrille.

               Les bigrilles.      L'Isodyne.
     Les bigrilles existaient déjà depuis longtemps, et leur première application fut de faire des appareils pouvant travailler sous une tension très faible. La première grille était réunie à un potentiel positif de quelques volts. Elle servait à neutraliser la charge spatiale et à extraire, en quelques sorte, les électrons. La deuxième grille avait le rôle habituel de la grille dans une triode. Cela permettait d'avoir un fonctionnement sous quinze ou vingt volts, même moins éventuellement, de tension plaque, ce qui pouvait être intéressant à une époque où il était onéreux d'engendrer cette tension plaque. Mais, rapidement les bigrilles furent utilisées comme lampes d'entrée des super hétérodynes de l'époque : une des grilles utilisée comme grille de signal, l'autre comme grille d'oscillatrice locale, la plaque étant commune aux deux fonctions.
     Une autre application des bigrilles fut le montage Isodyne, montage intéressant qui assurait un neutrodynage automatique des circuits d'amplification à fréquence intermédiaire. La 2ème grille était utilisée comme grille de signal, la 1ère grille et la plaque comme anodes. Le courant de la première grille et le courant de la plaque variaient en sens inverse. En faisant donc un transfo moyenne fréquence, dont le primaire avait une prise intermédiaire, et en reliant aux deux extrémités la première grille et la plaque, les deux effets s'ajoutaient dans le secondaire par un effet de " push-pull ". En même temps, les capacités plaque-grille n°2, et grille n°1- grille n°2, reportaient sur la grille de signal n° 2, des tensions en opposition de phase. Quand tout cela était bien dimensionné, on avait donc un neutrodynage probablement assez efficace, C'était, en tout cas une approche intelligente des amplis à fréquence intermédiaire. Tout cela fut évidemment rendu totalement caduc dès l'apparition des lampes à écran.

               Évolution des fréquences intermédiaires.
     Les fréquences intermédiaires basses, si elles permettaient une amplification importante avec les lampes très médiocres dont on disposait à l'époque, avaient toutefois deux inconvénients :
     Le premier était la possibilité, si on recevait une station suffisamment puissante, que son signal synchronise l'oscillateur local, dont la fréquence n'était éloignée que de la valeur de la fréquence intermédiaire, et fasse cesser toute réception.
     Le deuxième inconvénient, alors que les stations de radio-diffusion se multipliaient, c'était la réception de fréquences images, parce que deux stations éloignées de deux fois la moyenne fréquence, pouvaient être reçues simultanément, l'une en battement supérieur, l'autre en battement inférieur. Et cet inconvénient était d'autant plus sensible que la fréquence intermédiaire était plus basse.
     D'où la nécessite de prévoir, en amont de la convertisseuse, un système suffisamment sélectif, comportant au moins deux circuits accordés. Et ceci compliquait sérieusement les choses d'où l'augmentation progressive des fréquences intermédiaires. De 30 et 60 kilohertz, on passa à 125 kilohertz, qui eut son heure de gloire, puis, nettement plus tard, à 440, 450, 465, 472 kilohertz. Ce qui permit alors de revenir à des circuits d'entrée plus simples, mais ce qui compliqua sensiblement la commande unique.
     Mais à l'époque que j'évoque dans les présentes lignes, il n'était pas encore question de commande unique. La TSF, devenue la Radio, était certes présente dans beaucoup de foyers, mais n'était pas encore un produit de grande consommation, comme elle le deviendra bientôt avec l'arrivée des postes " secteur ". Comme il fallait se donner un peu de mal pour entretenir les batteries, on trouvait tout naturel de s'en donner également un peu pour accorder finement son récepteur. D'ailleurs, comme je l'ai signalé plus haut, l'aérien à la mode était un cadre, fort différent des autres bobinages et se prêtant très mal à la commande unique ; mais il avait beaucoup d'avantages : moins sensible aux parasites domestiques, il permettait en outre d'éliminer souvent, grâce à une orientation judicieuse, une fréquence image gênante.

               Les lampes à écran
     C'est au début de mes " années d'étudiant " que j'ai eu connaissance des lampes à écran. Cette invention géniale bouleversa la structure des récepteurs ; d'une part en permettant d'obtenir avec une seule lampe une amplification qui demandait auparavant plusieurs triodes et d'autre part en mettant en évidence les avantages de la technique du blindage, pratiquement ignorée auparavant.
     Les lampes à écran sont des lampes à deux grilles, donc des bigrilles, mais elles sont d'une architecture et d'une utilisation totalement différentes de ce que l'on appelait, de ce qu'on a continué à appeler les bigrilles. Dans les lampes à écran, la première grille joue le même rôle que la grille d'une triode, c'est la grille de signal. La plaque joue aussi le même rôle que la plaque d'une triode, mais entre les deux, on a intercalé une grille très fine, très serrée qui forme écran électrostatique à peu près complet entre la grille de signal et la plaque.
     La grille écran est portée à un potentiel positif généralement intermédiaire entre celui de la cathode et celui de la plaque, habituellement vers les deux tiers de la tension de la plaque. L'étonnant de la chose, c'est que cette grille si serrée laisse passer quand même la majorité des électrons vers la plaque, et n'en garde pour elle qu'une partie acceptable.
     Dans les lampes à écran européennes dont la structure était extrêmement logique, le filament, la grille et l'écran sortaient sur culots à quatre broches aux emplacements du filament de la grille et de la plaque d'une triode. Par contre, la plaque de la lampe à écran sortait au sommet de l'ampoule par une petite borne. Cette disposition était éminemment logique. Elle était d'ailleurs complétée par un disque métallique, solidaire de l'écran et qui venait dans le bas de l'ampoule. De sorte que l'utilisation tout à fait rationnelle de cette lampe aurait été de la faire passer à travers un panneau métallique, s'arrêtant au niveau du disque, prolongeant l'écran de manière à avoir ainsi deux compartiments électrostatiquement totalement séparés, celui du filament et de la grille d'une part, celui de la plaque d'autre part. Dans les deux exemplaires de lampes à écran que j'ai achetés, cette structure était très visible. L'écran dans une de ces deux lampes était une grille rectangulaire, ou plus exactement parallélépipédique très serrée, fermée au sommet et se raccordant en bas sur le disque dont j'ai parlé. Sur l'autre exemplaire, l'écran était une cage en toile métallique très fine, et la disposition était la même. Dans les deux cas la plaque était formée de deux plaques de métal situées de part et d'autre des cotés plats de la boite écran.
     Je n'ai pas connu les lampes à écran américaines à chauffage direct, mais je pense qu'elles devaient avoir une structure analogue à celle des lampes à chauffage indirect. Elles étaient moins logiques dans leur construction parce que la grille sortait en haut de l'ampoule et la plaque dans le culot, à côté des entrées filaments. C'était moins rationnel. Il faut croire que cela marchait aussi.
     Après avoir un peu joué avec mes lampes à écran, je ne les ai pas exploitées pour le moment. Mais on verra un peu plus loin qu'elles me furent très utiles par la suite.

               Ondes courtes ( suite ).
     Je n'avais pas abandonné bien sûr la réception des ondes courtes, et là, c'était le domaine incontesté de la détectrice à réaction, suivie ou non de basses fréquences, alimentée en général par des tensions basses pour la détectrice , parce que cela donnait un accrochage plus doux, et par conséquent, on pouvait s'approcher d'avantage du point où l'oscillation allait commencer, là où l'on avait le maximum de sélectivité et de sensibilité. Et j'ai reçu comme cela beaucoup de stations d'ondes courtes, soit de radiodiffusion comme celles que je recevais à Bicetre, soit des stations de radioamateurs. Comme j'étais toujours imperméable au Morse, ce triste état étant sans doute dû à une grande paresse dans ce domaine, j'écoutais de préférence les stations d'amateurs en radiotéléphonie. Il commençait à y en avoir et c'était fort intéressant.

               Essais d'émission.
     Evidemment, l'envie d'émettre me démangeait. On l'a déjà vu avec mes essais infructueux à Bicêtre. Alors, je refis d'autres essais, mais cette fois en mettant plus de chances de mon côté.
     A Boulogne, nous disposions d'une terrasse sur laquelle j'installai une antenne en " U " qui faisait environ vingt mètres de longueur totale. Le fait d'être repliée en " U " n'était évidemment pas favorable pour le rayonnement, mais on fait ce qu'on peut avec l'espace dont on dispose.      J'avais coupé l'antenne au milieu de sa longueur d'un petit support pour une ampoule de lampe de poche, dans l'espoir de la voir un jour s'allumer. C'était mon ampèremètre thermique d'antenne.
     Pour l'émetteur, j'achetai chez un revendeur de Boulogne, deux lampes TM, on en trouvait encore. Les lampes TM pouvaient supporter des tensions plaque beaucoup plus élevées que les lampes Radio-Micro ou analogues.      Effectivement, j'achetai également un transformateur (toujours Ferrix) de deux fois deux cent cinquante volts, destiné à faire une alimentation plaque un peu sérieuse, mais là, je ne l'utilisai pas pour un redressement bi-plaque, j'utilisai la totalité de l'enroulement, donc 500 volts avec redressement mono-alternance, pour alimenter un symétrique Mesny, avec des bobinages en fil de cuivre nu sur des réglettes perforées d'ébonite. Le symétrique Mesny oscille extrêmement facilement et, l'accord était obtenu avec un condensateur variable dit équilibré, c'est-à-dire qu'il avait deux stators, face-à-face mais décalés d'un demi-tour et le double rotor correspondant. Il n'était pas du tout destiné à cet usage mais il se trouva tout à fait bien en situation pour accorder mon symétrique Mesny. Il y avait évidemment une boucle de Hertz, avec une ampoule de lampe de poche pour vérifier l'oscillation.
     Et, pour réunir l'oscillateur à l'antenne, j'utilisai un feeder unique. C'est un type d'excitation d'antenne bien connu. Si tout est bien dimensionné, parait-il, le feeder ne doit pas être rayonnant. Je sais pas comment il peut s'y prendre, mais enfin, c'est la théorie. Toujours est-il qu'en choisissant la prise sur le bobinage et le point de l'antenne excité par ce feeder, et en tournant mon condensateur d'accord, j'observais facilement le maximum de brillance de la petite ampoule insérée au centre de l'antenne. Je fus même obligé de la shunter par une boucle de fil pour ne pas la griller.
     Cet ensemble une fois réalisé, nous allâmes, mon père et moi, avec une détectrice à réaction, alimentée par quelques piles de poche, dans les bois de St-Cloud, à quelques kilomètres du lieu d'émission. Et là, nous entendîmes parfaitement cette note épouvantable, ( le redressement étant très mal filtré ), et cela nous parvenait très fort.
     Encouragé par ce résultat, j'en parlai à un de mes camarades de l'Institut de chimie, qui lui était radioamateur, et je lui indiquai d'après la longueur de l'antenne la fréquence approximative de ma magnifique émission. Nous convinmes d'horaires, et le lendemain, il put me dire qu'il m'avait reçu sans aucune difficulté. Mais le Morse étant indispensable pour devenir radioamateur, mes essais d'émission en restèrent là pour environ quarante ans. HI ! ! !

               La grande révolution : les lampes à chauffage indirect et les postes secteur.
     C'est pendant mes années passées à l'institut de chimie qu'eut lieu la grande révolution de la T.S.F., celle qui mit la radio dans pratiquement tous les foyers. Ce fut l'apparition des postes secteur, directement alimentés sur la prise de courant domestique. Lorsqu'on parlait de postes à lampes, mon père disait toujours qu'il n'en voudrait que le jour où l'on n'aurait qu'à brancher la prise de courant. En effet, les soins a porter aux batteries, etc, tout cela le rebutait et rebutait un très grand nombre de personnes. Donc le poste secteur fut l'élément déterminant de la diffusion dans tous les foyers.
     Les postes secteur furent rendus possibles par l'apparition des lampes à chauffage indirect. La grande révolution des lampes venait de s'accomplir, et après bien des tâtonnements, on était arrivé aux lampes à chauffage indirect.
     Petite digression : la route avait été longue, mais on y pensait depuis longtemps. Je me rappelle, en effet, déjà à Angicourt, avoir vu de la publicité d'un nommé Jean Prache pour une plaquette Prajean qui permettait, selon l'auteur, de chauffer les lampes TM en alternatif. Il intercalait cette plaquette entre la lampe proprement dite et le support de lampe. C'était un point milieu artificiel du filament qu'il réunissait à la broche qui devait être sans doute le moins filament normal de l'appareil.
     Ainsi, il pensait pouvoir chauffer les filaments sans induire trop de ronflements, mais le ronflement était quand même là, parce que l'inertie thermique des filaments était beaucoup trop faible. L'émission électronique était modulée au rythme de la fréquence du secteur, et ce procédé n'eut pas de succès. Mais enfin, cela montre qu'on essayait déjà de chauffer les lampes sur le secteur.
     Il y a même eu des projets de faire des lampes avec une cathode chauffée extérieurement au gaz ou à l'alcool. Tout cela fut remisé un temps par l'arrivée des lampes Radio-Micro, qui, étant moins exigeantes, rendaient moins aigu le problème de l'alimentation filament, mais néanmoins, celui ci subsistait toujours.
     Enfin, on réalisa ce qui était dans l'air depuis longtemps. Comme les cathodes à oxydes acceptaient de travailler à des températures suffisamment basses, c'est à dire le rouge ou le rouge naissant, on imagina de faire des cathodes creuses, recouvertes à l'extérieur de la couche émissive d'oxyde, recevant à l'intérieur un filament uniquement chauffant, isolé à l'alumine.
     Ces lampes à chauffage indirect furent d'abord réservées aux étages traitant les " petits signaux " et l'on a conservé encore pendant longtemps le chauffage direct pour les tubes où le ronflement n'était pas à craindre, c'est à dire les valves redresseuses ou peu gênant : les lampes de puissance. Dans le domaine du cinéma parlant, la Radiotechnique avait déjà eu l'idée de faire des lampes à chauffage direct chauffées sous très basse tension (0.6 volts je crois). J'ai eu entre les mains de ces lampes d'étage final, dont la cathode était formée d'une multitude de petits filaments très courts, installés entre deux grosses amenées de courant, l'ensemble présentant une surface tout à fait impressionnante.

     Je ne sais pas si les premières lampes à chauffage indirect au monde furent américaines ou européennes. Je sais que lorsque j'ai pris contact avec les lampes à chauffage indirect, j'ai commencé par les américaines, ne serait-ce que parce qu'elles étaient moins chères que les européennes.
     En même temps que par ces lampes à chauffage indirect, le poste secteur se différencia très vite des anciens postes de T.S.F. par un changement radical de sa conception. Ce fut l'apparition des châssis métalliques, des blindages de tous les bobinages, des transformateurs d'alimentation incorporés dans le poste, remplaçant les batteries traînant sous la table. Ce fut la fin du beau panneau en ébonite garni de boutons et de manettes, que l'on avait conservé jusqu'alors.
     Ce fut aussi la fin du câblage "artistique" évoqué plus haut : on abandonna les connexions en fil rigide nu au profit d'un câblage plus direct en fil isolé semi-rigide dit "fil américain" qui était extrêmement commode : recouvert d'une tresse de coton paraffiné, on le dénudait en repoussant simplement la tresse sur la longueur nécessaire et on pouvait ensuite ramener la tresse jusqu'à ras dela soudure.
     Car la soudure avait remplacé les vis, écrous et rondelles exclusivement utilisés jusqu'alors.

               La commande unique.
     Ce fut aussi simultanément l'apparition de la commande unique. En effet, si le poste de T. S. F. devait se diffuser dans tous les foyers, il fallait que son maniement fut simple. Comme on avait supprimé les problèmes d'alimentation, et qu'il n'y avait plus qu'une fiche à enfoncer dans une prise de courant, il fallait aussi que l'accord fut simplifié.
     La commande unique fut simple à réaliser pour les récepteurs à amplification directe, puisque tous les circuits étaient accordés sur la même fréquence. Mais, à part un baroud d'honneur ( le Superinductance de Philips ), les récepteurs à amplification directe ne donnaient pas une sélectivité suffisante et ne pouvaient pas assurer sur toute la gamme la bande passante " rectangulaire " de 9 kilohertz, qui était requise. Ces deux exigences étaient bien plus facilement satisfaites par les récepteurs à changement de fréquence, qui se généralisèrent. En revanche, leur commande unique fut beaucoup plus difficile.

     Comme toujours, pour simplifier la manœuvre par l'usager, il faut davantage de travail en amont, lors de la conception. Obtenir que deux circuits accordés par une même commande gardent une constante différence de fréquence sur une gamme étendue ( qui atteint un rapport 3 pour la gamme des ondes moyennes ) n'est pas chose simple, et la difficulté augmente avec l'écart en fréquence.
     Une solution radicale fut possible en Amérique, où la radiodiffusion se faisait exclusivement en ondes moyennes : tailler spécialement les lames du condensateur variable de l'oscillateur local. Cette solution peut être excellente, mais elle manque de souplesse et ne convient qu'aux grandes séries.
     Elle était, de toute façon, inapplicable en Europe, où la radiodiffusion utilisait aussi les " grandes ondes ".
     Une solution plus générale fut d'utiliser des condensateurs variables taillés en " variation linéaire de fréquence " ; les rotors étant sur le même axe, en décalant les stators, on devait obtenir l'évolution souhaitée des fréquences. Mais les inconvénients furent prohibitifs ; j'ai parlé plus haut des défauts des condensateurs VLF ; en outre le décalage des stators réduisait la course utile. Ce système ne fut donc pratiquement pas utilisé.
     On se contenta donc de condensateurs variables multiples, avec la même capacité et la même loi de variation pour chaque section : condensateurs variables multi-cages, deux cages au strict minimum, souvent trois cages.
     Mais pour obtenir la loi de variation souhaitée, on dut " triturer " le circuit de l'oscillateur local en lui ajoutant deux condensateurs ajustables : le trimmer, de faible capacité, en parallèle sur le CV, et le padding, de capacité plus élevée, en série avec le CV. Des formules assez compliquées de calcul donnent la valeur de la self de l'oscillateur, du trimmer et du padding pour obtenir l'accord exact en deux points de la gamme. On choisit ces points pour que les écarts soient à peu près les mêmes aux deux extrémités et au centre de la gamme. L'alignement correct d'un récepteur est une opération assez délicate.

               Lampes américaines et européennes.
     Les lampes américaines à chauffage indirect de la première génération chauffaient sous une tension de 2.5 volts, et des intensités importantes, par exemple pour la lampe à écran type 24 ou la triode type 27, cette intensité était de 1.75 Ampère. C'était d'ailleurs la même intensité pour les lampes de puissance, la triode 45 ou la pentode 47, qui étaient à chauffage direct, tout comme d'ailleurs la valve redresseuse 80, permettant d'alimenter tout ce petit monde, qui elle, chauffait sous 5 volts et demandait 2 ampère. Ces 10 watt de chauffage lui conféraient d'ailleurs une robustesse très supérieure à celle de sa rivale européenne ; la 506 Philips qui elle, ne consommait qu'un ampère sous 4 volts, et la 80 était vraiment une lampe quasi increvable. J'en ai d'ailleurs toujours une sur une alimentation qui me sert de temps en temps.
     Par la suite, apparurent dans la série américaine, des lampes moins gourmandes qui ne consommaient que 1 ampère et c'était notamment la 57 et la 58, deux pentodes haute fréquence. Les pentodes, dérivant des lampes à écran par l'adjonction d'une grille peu serrée entre l'écran et la plaque, supplantèrent rapidement les lampes à écran ; en effet, la troisième grille, dite " suppressor ", empêchant l'écran de capter les électrons secondaires émis par la plaque, simplifia l'emploi de ces tubes : on put alors alimenter l'écran à travers une simple résistance, voire, pour certains tubes, directement par la tension plaque. Cette disposition était d'ailleurs mise en œuvre depuis longtemps dans les "trigrilles de puissance" BF, mais je ne sais pourquoi n'avait pas été adoptée d'emblée pour les tubes de faible puissance.
     Mais revenons à nos pentodes américaines. La 57 était " sharp-cutoff " (faible recul de grille) et la 58 " remote-cutoff " (grand recul de grille). Je préfère ces désignations à celles, courantes en France, désignant la 57 comme étant une pentode à pente fixe, et la 58 une pentode à pente variable. Ce qui est inexact puisque toutes les lampes sont à pente variable. La seule différence est la manière dont évolue cette pente en fonction de la polarisation grille. Dans les lampes genre 57, la pente varie entre son maximum et une valeur très faible, pour une petite variation de la tension grille, quelques volts tout juste. Alors que dans les lampes genre 58, la pente évolue graduellement sur un recul de grille beaucoup plus grand.
     Ces lampes dites à pente variable, furent introduites pour, premièrement obtenir une commande de gain assez facile en faisant varier la polarisation grille, à partir de la composante continue de la tension détectée, et, deuxièmement pour diminuer les phénomènes d'inter-modulation dans les premiers étages.
     Les lampes européennes correspondantes étaient moins standardisées que les américaines qui portaient un numéro de référence qui était le même quel que soit le constructeur. Avec souvent un préfixe, par exemple, la valve pouvait s'appeler 280, 680 ou 180, mais c'était toujours la " 80 ". Tandis qu'en Europe, on était plus individualiste, et les fabriquants avaient des modèles différents, ce qui fait que je ne me rappelle pas les numéros. Les lampes européennes chauffaient, à ce moment là, sous 4 volts. Il y avait des lampes assez excellentes, en particulier dans le domaine des lampes de puissance à chauffage direct, je citerai la F10 de Fotos ou la PX4 de Gécovalve. De plus, les triodes à chauffage indirect européennes étaient considérablement plus performantes que la 27 américaine.

               Mes premières réalisations de postes secteur.
Elles ne furent pas pour mon propre compte. J'ai d'abord construit, pour la tante d'un camarade de l'Institut de Chimie, un poste avec des lampes américaines.
     Ensuite j'ai transformé un poste batterie, qui devait avoir 4 lampes, en un poste 2 lampes secteur européennes, réduisant le nombre de lampes pour pouvoir loger le transformateur d'alimentation, la valve et les condensateurs de filtrage. En raison des performances élevées des lampes secteur, le poste donnait un volume sonore bien plus important qu'avec les 4 lampes batteries précédentes. Il faut dire que la lampe finale était la triode à grande pente : la F10 Fotos, que j'aimais particulièrement et dont je me suis servi pour ma troisième réalisation secteur qui était un amplificateur pick-up qu'on m'avait commandé et pour lequel j'avais également employé des lampes européennes, et qui se terminait par un push-pull de F10. Cela ne marchait vraiment pas mal et bien qu'il ne fut pas question de haute fidélité en ce temps là, je crois que les résultats n'étaient pas mauvais .

               Les Haut-Parleurs électrodynamiques.
     D'autant que, en même temps que l'apparition des lampes secteur, et des condensateurs électrolytiques ( permettant un filtrage plus sérieux et plus économique de la tension anodique ) était apparue une version accessible des haut-parleurs électrodynamiques. Comme on ne savait pas faire des aimants performants sous un petit volume en ce temps là, une solution simple avait été d'obtenir l'excitation magnétique de ces haut-parleurs en utilisant leur bobinage comme inductance de filtre de l'ensemble à lampes.
     Le courant n'était pas très important mais le nombre de tours était considérable, et on pouvait obtenir ainsi un champ magnétique élevé dans l'entrefer annulaire de ces hauts parleurs. Ils se sont rapidement démocratisés et ils ont en quelques années, complètement balayé les autres haut-parleurs, même les moteurs à 4 pôles les plus sophistiqués, qui ne firent pas le poids devant les électrodynamiques.
     Evidemment, il y avait une chute de tension importante dans la bobine d'excitation, qui servait de filtre, et qui était parcourue par le courant total du récepteur ou de l'ampli pick-up. Ce qui imposait des transformateurs d'alimentation donnant une centaine de volts de plus que n'aurait nécessité le poste lui même. Mais tout ça formait un ensemble cohérent et cela marchait bien. Plus tard, les premiers haut-parleurs électrodynamiques à aimant permanent dont je me souvienne, furent de véritables monstres avec d'énormes aimants en fer à cheval derrière la culasse

     Il était assez curieux qu'on obtienne pratiquement les mêmes résultats, au point de vue puissance sonore de sortie, en utilisant comme lampe finale soit une triode à forte pente et à faible coefficient d'amplification ( de 10 pour la F10 Fotos et de 4 pour la PX4 Gécovalve ), donc avec une résistance interne extrêmement faible, ou avec les pentodes de puissance comme la 47 américaine ou des 443 de chez Philips, qui elles, avaient des résistances internes considérables et des coefficients d'amplification gigantesques.

               Première commande unique.
     Puis, je réalisai pour mes parents un poste secteur à lampes américaines. Et là, je me colletai pour la première fois de ma vie au problème de la commande unique. Je disposais pour faire ce poste d'une magnifique carcasse dans laquelle figurait un condensateur double, à profil variation linéaire de fréquence et stator décalable. Ce qui devait permettre une commande unique très facile. En réalité, ce ne fut pas si simple, parce que comme il n'y avait que deux cages, et qu'il était impossible de mettre une haute fréquence ou un présélecteur devant, pour éliminer les ennuis de fréquence image, je fus amené à choisir une moyenne fréquence élevée de l'ordre de 440 kilohertz. Et la commande unique, en particulier pour les grandes ondes, me donna pas mal de fil à retordre. Mais enfin, ce poste finit par marcher d'une manière satisfaisante.

     Durant la fin de mes études à l'Institut de chimie de Paris, nous dûmes déménager encore une fois, car mon père fut nommé directeur de l'hôpital St-Antoine dans le 12 ème arrondissement de Paris.

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