Esquisse de la structure de la matière.
Nous savons que la matière est composée datomes, le plus souvent associés en molécules, soit avec eux-mêmes (corps simples), soit avec des atomes différents (corps composés). Bohr nous a donné un modèle datome, toujours valable avec les aménagements de la mécanique quantique.
Nous savons que presque toute la masse est concentrée dans le noyau et que celui-ci est composé de protons et de neutrons.
Il semble bien que les électrons qui entourent le noyau soient des particules élémentaires . Mais est-ce le cas pour les protons et les neutrons ? On la cru longtemps, puis le doute sest installé.
En 1967, Bjorken et Feynman émirent lhypothèse des quarks, particules élémentaires porteuses de charges électriques fractionnaires, ce qui était assez révolutionnaire. Les nucléons seraient formés du groupement 3 par 3 de deux espèces de quarks : le quark up (u) portant une charge +2/3 e et le quark down (d) portant la charge -1/3 e, e étant la valeur absolue de la charge de lélectron.
Le proton résulte du groupement 2u+d (+2/3 e +2/3 e -1/3 e = +e) et le neutron résulte du groupement 2d+u (-1/3 e -1/3 e +2/3 e = 0).
Quatre particules élémentaires décrivent entièrement la matière : les deux quarks up et down et deux leptons, lun chargé, lélectron et lautre non chargé, le neutrino quon qualifie " électronique ", nous allons voir pourquoi.
Il existe en effet deux autres familles composées également chacune de deux quarks et de deux leptons, lun chargé et lautre non, qui décrivent des particules provenant des rayons cosmiques ou engendrées dans les grands collisionneurs. Ces particules sont instables.
La première famille comprend le quark strange (s), le quark charm (c), le muon (sorte délectron lourd) et le neutrino muonique.
La deuxième comprend le quark beauty (ou bottom, ce qui est moins poétique) (b), le quark top (t), le tauon ou tau (sorte délectron super-lourd) et le neutrino du tau.
On na jamais pu isoler un quark ; les collisions les plus violentes sont impuissantes devant la force énorme qui les unit dans les nucléons. On postule leur existence parce que cette théorie a permis des prédictions qui ont été vérifiées expérimentalement avec une grande exactitude.
On peut remarquer que les atomes (et donc la matière, même la plus compacte et la plus dense) sont essentiellement du vide : le volume des électrons et des nucléons est extrêmement faible par rapport au volume de latome.
Les quatre forces
LUnivers est régi par quatre forces ; les physiciens préfèrent parler dinteractions. Ces interactions, selon la théorie, sexercent par échange de particules de la classe des bosons.
Ce sont :
Linteraction nucléaire forte (bosons vecteurs : les gluons), qui rassemble les quarks dans les nucléons et les nucléons dans les noyaux.
Linteraction nucléaire faible (bosons vecteurs : les W+, W- et Z zéro), qui intervient notamment dans la radioactivité bêta.
Linteraction électromagnétique (boson vecteur : le photon), qui rassemble les électrons autour des noyaux pour former les atomes et assure la cohésion des atomes entre eux.
La gravité (bosons vecteurs hypothétiques, non observés jusquà présent : les gravitons), qui structure lUnivers à grande échelle.
Ces quatre forces sont dintensité et de portée très différentes. Si nous prenons pour unité la gravité, dont le rayon daction est illimité, la force électromagnétique, de rayon daction également illimité, serait cotée 7 * 10^36.
Les forces nucléaires faible et forte, dont les rayons daction ne dépassent pas les dimensions du noyau, seraient cotées 10^26 et 10^39. ( LAstronomie et son histoire p.199 ).
Un des grands challenges des savants contemporains est lunification de ces forces dans une théorie unique, sans succès décisif jusquà présent
Fission et Fusion nucléaires.
Des mesures très fines des masses atomiques disotopes purs ont montré que la masse dun noyau était légèrement inférieure à la somme des masses des nucléons qui le composent. Ce " défaut de masse " correspond à lénergie de formation du noyau (relation dEinstein e = m*c^2). Il est nul pour lHydrogène (noyau dun seul proton) et maximal pour des éléments de masse atomique moyenne, en particulier le Fer et les éléments voisins, puis il redescend lorsque les atomes deviennent de plus en plus lourds.
Si donc deux atomes légers fusionnent en un atome plus lourd ou si un atome lourd se brise en deux ou plusieurs atomes plus légers (suivant que lon se trouve à gauche ou à droite du " pic du Fer ") latome ou les atomes résultants auront une masse très légèrement inférieure à la masse initiale : un peu de masse aura disparu ; cest à dire se sera transformée en énergie. Le coefficient déquivalence étant très grand (le carré de la vitesse de la lumière), on pourra récolter beaucoup dénergie pour un peu de masse " disparue ".
La Fusion nucléaire est un phénomène fondamental de lUnivers. Cest la fusion des éléments légers en éléments plus lourds, et, essentiellement, celle de lHydrogène en Hélium qui fournit lénergie faisant rayonner les étoiles. La fusion des atomes nest possible quà des températures extrêmement élevées, communiquant aux noyaux des énergies cinétiques suffisantes pour vaincre la répulsion électrostatique ; cest pourquoi on parle de fusion thermo-nucléaire. La température régnant au cur du Soleil, par exemple, de lordre de 15 millions de degrés, nest cependant pas suffisante pour vaincre la barrière de potentiel, mais en raison dun effet quantique dit effet tunnel une très faible proportion des noyaux parvient quand même à fusionner, ce qui fait que cette réaction nest pas explosive, dure depuis quelques milliards dannées et en a encore autant, paraît-il, devant elle.
Ne sachant produire les températures nécessaires quau cours de lexplosion dune bombe A (à fission), lhomme na encore pu utiliser limmense énergie de la fusion que pour transformer des bombes A en bombes H, dont, hélas, la puissance na pas de limite théorique.
Si la fusion nucléaire est un phénomène naturel et essentiel, la fission semble bien avoir été imaginée par lhomme (au sens dêtre humain, car cest une femme qui en a eu, la première, une idée précise).
Lise Meitner, exilée en Suède, a suggéré à Otto Hahn et Fritz Strassmenn les recherches qui les ont amenés à réaliser, en 1938, la première fission nucléaire. Injustice notoire, seul Hahn a reçu le prix Nobel !
Ils ont constaté que, sous limpact dun neutron, un noyau dUranium 235 pouvait se fragmenter en deux noyaux plus légers, avec émission dautres neutrons et libération dénergie. Les divers modes de fission produisent plus de 80 atomes différents, généralement radioactifs avec des périodes très diverses.
Comme il y a émission de 2 ou 3 neutrons par atome dUranium fragmenté, on voit tout de suite quune réaction en chaîne est possible.
Cette réaction en chaîne peut être exploitée de deux manières différentes :
Ou bien lon fait en sorte de réunir très rapidement une masse de matériau fissile supérieure à une certaine masse critique et la réaction en chaîne est explosive ; cest le principe des bombes atomiques à fission, désignées Bombes A.
Ou bien lon sarrange pour garder le contrôle de la réaction, en partant de matériau fissile dilué et en disposant des absorbeurs de neutrons : cest le principe des centrales nucléaires où la chaleur produite par la fission est convertie en électricité par des turbines à vapeur et des alternateurs.
Il ne suffit pas quun noyau soit lourd pour être fissile, seuls quelques isotopes présentent cette propriété. Les plus importants sont lUranium 235, le Plutonium 239 et le Plutonium 241.
LUranium 235 est présent dans luranium naturel, mais sa proportion est faible : 0,72% ; il faut donc enrichir luranium naturel par une séparation isotopique difficile (diffusion gazeuse ou ultra-cehtrifugation). Cest cet uranium enrichi qui est utilisé dans nos centrales nucléaires.
Le Plutonium, élément artificiel engendré dans les centrales nucléaires classiques, est actuellement réservé aux usages militaires, puisque les anti-nucléaires ont obtenu la fermeture et la promesse de destruction de SuperPhénix, surgénérateur à neutrons rapides qui lutilisait.
Je reviendrai sur la production dénergie par réactions nucléaires dans larticle suivant.