SI nous consultons le " petit Larousse ", nous trouvons :
Oscillateur : 1) appareil produisant des courants électriques alternatifs périodiques de fréquence déterminée. 2) PHYS. Système mécanique ou électrique qui est le siège dun phénomène périodique.
Je me permettrai dajouter deux remarques : la première définition est exacte, mais restreinte au seul domaine électrique ; la deuxième, plus générale, ne précise pas que le système en question, pour être, à mes yeux, un oscillateur doit engendrer lui-même le phénomène périodique, sinon il nest quun système oscillant
Les oscillateurs sont partout : ils sont présents dans tous les systèmes de télécommunication, dans les téléviseurs, les ordinateurs, dans nos horloges, pendules et montres, dans les fours à micro-ondes, les clignotants de nos voitures, etc il y en a même un, à lintérieur de nous-mêmes, qui revêt une certaine importance : notre cur !
Pour fonctionner, un oscillateur a besoin dune source dénergie.
Il doit comporter des éléments faisant intervenir le temps.
Enfin, il doit comporter un dispositif permettant à ces éléments dagir sur lécoulement de lénergie.
Un exemple simple et connu de tous va nous montrer à luvre ces trois parties. Prenons une horloge à balancier et à poids, comtoise ou normande suivant votre préférence.
La source dénergie, ce sont les poids, quon a " remontés ", cest à dire éloignés du centre de la Terre, ce qui a augmenté leur énergie potentielle, énergie quils vont restituer au cours de leur descente, dont une partie servira à entretenir les oscillations du balancier et le reste à faire tourner les engrenages et finalement les aiguilles.
Lélément faisant intervenir le temps est évidemment le balancier, qui se comporte comme un pendule, sa période étant fixée par son moment dinertie et le couple de rappel dû à lattraction terrestre.
Et le dispositif lui permettant dagir sur lécoulement de lénergie, cest bien sûr léchappement, qui laisse " échapper " à chaque demi-période une dent dune roue dentée. Pour lentretien des oscillations du balancier, les dents de cette roue et les crochets de léchappement sont taillés de telle sorte que chaque dent, en séchappant, glisse sur le crochet et lui communique une petite impulsion compensant les pertes dénergie du balancier, dues aux inévitables frottements.
Lamplitude des oscillations du balancier se stabilise lorsque les impulsions ainsi fournies compensent exactement les pertes.
Oscillateurs harmoniques et Oscillateurs de relaxation
Ces deux classes doscillateurs se distinguent par la loi de loscillation et, dans la grande majorité des cas, par la nature des éléments faisant intervenir le temps.
Dans le " petit Larousse " nous lisons :
Oscillateur harmonique : oscillateur dont lélongation est une fonction sinusoïdale du temps.
Cette définition semble restreinte au domaine mécanique, à moins quon ne donne au mot " élongation " un sens très général, celui de valeur dune grandeur à un instant donné, cette grandeur pouvant être une longueur, un angle, une pression, une intensité ou une tension électriques, etc
Nous verrons un peu plus loin que loscillateur harmonique parfait est un idéal théoriquement inaccessible, même si, dans la pratique, on peut sen approcher de très près.
Je pense quon pourrait différencier ces deux classes doscillateurs par leurs éléments faisant intervenir le temps : dans les oscillateurs harmoniques, la fréquence (ou si lon préfère la période, qui en est linverse) est le plus souvent déterminée par un système oscillant alors que dans les oscillateurs de relaxation elle est déterminée par des constantes de temps.
Oscillateurs harmoniques
Systèmes oscillants
Je définirai un système oscillant comme un système dans lequel deux paramètres contrôlent léchange périodique entre deux formes dune énergie.
Systèmes oscillants mécaniques.
Reprenons lexemple de notre balancier dhorloge ; nous supposerons que lon a démonté léchappement pour libérer le balancier.
Au repos, il pend verticalement, son centre de gravité étant sur la verticale de laxe doscillation. Si nous lécartons de cette position, cela revient à élever quelque peu son centre de gravité, donc à lui communiquer un supplément dénergie potentielle dans le champ de gravité terrestre. Comme le centre de gravité nest plus sur la verticale de laxe doscillation, le poids du balancier engendre un couple de rappel tendant à le ramener à sa position de repos.
Lâchons le balancier : il se met en mouvement et lénergie potentielle que nous lui avions communiquée en lécartant de la verticale se transforme en énergie cinétique ; lorsquil passe à la verticale, celle-ci est maximale alors que lénergie potentielle est minimale .
A cause de linertie, le balancier va dépasser la position de repos et lénergie cinétique va diminuer tandis que lénergie potentielle va croître. Si les pertes dénergie étaient nulles, le balancier remonterait de lautre côté aussi haut que son point de départ, puis repartirait en sens inverse et le processus déchange entre énergie potentielle et énergie cinétique se poursuivrait indéfiniment .
Nous savons que les inévitables frottements vont dissiper un peu dénergie à chaque période et que le balancier livré à lui-même verra ses oscillations diminuer peu à peu damplitude ; doù la nécessité de compenser les pertes pour que le système oscillant devienne un oscillateur.
La période des oscillations est déterminée par deux paramètres : le moment dinertie du balancier, qui dépend de la valeur et de la répartition des masses par rapport à laxe doscillation et le couple de rappel, qui dépend de la masse du balancier, de la distance de son centre de gravité à laxe doscillation et de la valeur de laccélération de la pesanteur. Pour un balancier réel, il serait difficile de calculer la période, mais cest beaucoup plus aisé dans le cas idéal du " pendule simple ". Cest une masse ponctuelle, concentrée en son centre de gravité, suspendue à un fil inextensible et sans masse (une assez bonne approximation est un fil à plomb). Dans ces conditions idéales la masse intervient au même degré dans le moment dinertie et dans le couple de rappel : elle sélimine donc et la période doscillation est donnée par la formule : T = 2 pi racine carrée de L / g, L étant la longueur du fil et g laccélération de la pesanteur.
Application : calculons la longueur du pendule simple dont la période est la même que celle du balancier des horloges normandes ou comtoises, cest à dire 2 secondes (une seconde pour " tic ", une seconde pour " tac ").
En élevant les deux membres au carré, nous avons :
4 = 4 x pi^2 x L / g
En remplaçant pi et g par 3,1416 et 9,81 nous trouvons : L = 0,994 m.
Remarquons que cest voisin de la longueur du balancier de ces horloges.
Pour obtenir une période
dune seconde, la longueur doit être 4 fois plus petite :
cest le cas de nombreuses " pendules "
et des " coucous ".
( Dessin d'Isabelle, 45 ko)
Revenons maintenant
au cas général
Si lon néglige lamortissement des oscillations, la loi du mouvement est sinusoïdale. Désignons par oméga la pulsation, cest à dire la grandeur 2 pi / T ou 2 pi f, la fréquence étant linverse de la période.
Langle a du pendule avec la verticale à linstant t est donné par :
a = A cosinus oméga t
A étant lamplitude, cest à dire langle maximal, celui dont on a écarté le balancier avant de le lâcher, et t le temps écoulé depuis linstant précis où il fut lâché .
La vitesse (soit la vitesse angulaire, soit la vitesse sur larc de cercle décrit par un point du pendule) suit également une loi sinusoïdale, mais elle est en quadrature avec lélongation ; nous aurons alors :
v = V sinus oméga t
La vitesse est maximale quand lélongation est nulle ; elle est nulle quand lélongation est maximale, dun côté ou de lautre.
Ces formules sont absolument générales à tout système oscillant (même électrique, comme nous verrons plus loin).
Jai choisi le pendule comme exemple parce quil est immédiatement accessible, mais en réalité cest un mauvais exemple, car un oscillateur harmonique parfait doit présenter une période indépendante de lamplitude ; or ce nest pas le cas du pendule : seules les petites oscillations sont isochrones (phénomène observé, selon la légende, par Galilée regardant se balancer un lustre dans une église).
Amortissement
Avant de quitter notre balancier ou pendule, quantifions un peu la décroissance des oscillations lorsquon labandonne à lui-même.
Chaque oscillation est dans un rapport constant avec loscillation précédente ; donc le logarithme du rapport de lamplitude de 2 oscillations consécutives est constant ; cela est vrai pour nimporte quel système de logarithmes, mais prend une signification physique dans le cas des logarithmes népériens : Ce logarithme prend alors le nom de décrément logarithmique (delta) et il représente le rapport de lénergie dissipée en une demi-période à lénergie totale contenue dans le système à cet instant.
Plaçons notre pendule ou balancier dans une cuve remplie de liquide ; les frottements sont plus importants que dans lair et la décroissance des oscillations est plus rapide. Faisons croître la viscosité du liquide : pour une certaine valeur, il ny a même plus doscillation : le pendule revient à sa position déquilibre sans la dépasser.
Lamortissement minimal pour lequel il ny a plus doscillation est appelé amortissement critique. Cest pour cette valeur que le pendule retourne à la verticale dans le temps minimal. Applications : amortissement des balances de précision et des appareils de mesure à aiguille, et aussi amortissement du système oscillant formé par la masse de nos voitures et lélasticité des suspensions, au moyen damortisseurs, anciennement à frottement solide, maintenant à frottement fluide.
Oscillateurs harmoniques mécaniques
Pour transformer un système oscillant en oscillateur, nous savons quil faut lui adjoindre une source dénergie et un dispositif de contrôle.
Nous avons vu le cas des horloges à balancier et à poids : lénergie est fournie par lattraction terrestre. Pour les " pendules " et pour les montres mécaniques, lénergie est fournie par la déformation élastique dun ressort. Remarquons que dans les deux cas il ne sagit que dun stockage de lénergie : pour quils puissent descendre, il a fallu remonter (au sens propre) les poids, et pour quil puisse se détendre, il a fallu " remonter " le ressort ; cela a été fait au moyen dénergie musculaire, donc dénergie chimique.
Quant au dispositif de contrôle, dans les cas précédents, il est assuré par léchappement.
Mais on peut aussi entretenir les oscillations dun balancier par des actions électromagnétiques ; cétait le cas des pendules électriques qui ont pratiquement disparu. L'énergie électrique était fournie par une pile (transformant de lénergie chimique) et le contrôle, soit par un contact, soit par un phénomène dinduction.
Les oscillateurs à quartz, qui se sont taillé la part du lion dans les dispositifs de mesure du temps, mais qui sont dun emploi beaucoup plus étendu, sont, eux aussi, des oscillateurs mécaniques. Lentretien de leurs oscillations exige un dispositif amplificateur électronique. Lénergie électrique nécessaire provient, soit dune pile ou dun accumulateur (énergie chimique), soit du secteur (houille blanche, combustibles fossiles ou nucléaire).
Les oscillateurs à quartz permettent dobtenir des fréquences incomparablement plus stables que nimporte quel dispositif purement électrique.
Ils sont basés sur les propriété pièzo-électriques de cette forme cristalline de la silice. Une lame ou un barreau de quartz, entre des électrodes reliées à un amplificateur électronique convenable, peut vibrer suivant divers modes (compression, flexion, torsion) dont la fréquence est parfaitement déterminée par ses dimensions.
Le coefficient de dilatation du quartz étant très petit, ces dimensions varient très peu avec la température ; en outre certains angles de coupe de la lame ou du barreau par rapport aux axes cristallographique du cristal permettent dannuler pratiquement linfluence de la température sur la fréquence.
Avant de quitter les oscillateurs mécaniques, une remarque générale. Jai dit plus haut que loscillateur harmonique parfait était un idéal ; en effet, un système oscillant sans dispositif dentretien voit lamplitude de ses oscillations décroître peu à peu ; la loi de lélongation nest donc pas vraiment sinusoïdale. Si un dispositif dentretien le transforme en oscillateur, lamplitude reste constante, mais pour cela il faut que le dispositif dentretien communique au système oscillant une petite impulsion au cours de chaque cycle, ce qui altère la perfection de la loi sinusoïdale.
Ces altérations sont très peu sensibles dans les oscillateurs mécaniques, dont le décrément est très petit ; elles le sont beaucoup plus dans les oscillateurs électriques.
Oscillateurs harmoniques électriques
En électricité, le système oscillant est le circuit oscillant, composé dune bobine de self-induction L, dun condensateur de capacité C et dune résistance R toujours présente, même si elle nest pas matériellement introduite sous forme dun composant.
La capacité stocke lénergie sous forme potentielle en se chargeant, la self-induction (nous dirons seulement " self " à lavenir) stocke lénergie sous forme cinétique lorsquelle est parcourue par un courant et la résistance provoque les pertes dénergie comme les frottements en mécanique.
Formons léquivalent électrique du balancier libre. Pour cela, montons en série un condensateur de capacité C, une bobine de self-induction L (présentant une résistance R) et un interrupteur.
Le circuit étant ouvert, chargeons le condensateur à la tension U . nous avons donc communiqué au système une énergie potentielle 1/2 C*U^2. Cela correspond à avoir écarté le balancier de la verticale. Léquivalent de lâcher le balancier sera de fermer le circuit au moyen de linterrupteur. Un courant va commencer, la tension aux bornes du condensateur va diminuer et lintensité du courant augmenter ; elle sera maximale lorsque la tension aux bornes du condensateur sera nulle ; à ce moment, lénergie potentielle sera convertie en énergie cinétique 1/2 L*I^2. Si nous négligeons les pertes dans la résistance, ces deux formes dénergie sont égales et le courant, décroissant à son tour, va charger le condensateur à la tension -U (équivalent du balancier remontant à la même hauteur de lautre côté) et bien sûr le phénomène va se reproduire en sens inverse, puis recommencer indéfiniment.
Léchange des énergies suivant les mêmes lois quen mécanique, nous ne serons pas surpris de constater que la tension et lintensité sont toutes deux des fonctions sinusoïdales du temps et quelles sont en quadrature ; nous pouvons écrire : u = U cos oméga t et i = I sin oméga t , oméga ayant la même signification que précédemment, cest à dire 2 pi f ou 2 pi / T.
La période propre du circuit oscillant est donnée par une formule qui ressemble beaucoup à celle du pendule simple : T = 2 pi racine carrée de L* C ou oméga^2 = 1 / L * C .
Bien entendu, linévitable résistance va entraîner des pertes dénergie et lamplitude des oscillations va aller en diminuant ; on définira également un décrément logarithmique (delta) et un amortissement critique, qui est atteint lorsque R^2 = 4 L / C
Résonance
Bien que ce soit un peu hors sujet, ne quittons pas les circuits oscillants sans dire quelques mots des phénomènes de résonance qui jouent un si grand rôle dans les télécommunications.
Reprenons notre circuit oscillant ; son impédance (résistance en courant alternatif) est égale à : racine carrée de (R^2 + (L*oméga 1/ C*oméga)^2)
Cette impédance est minimale et égale à R pour la fréquence annulant le terme réactif, donc pour L*oméga = 1 / C*oméga donc pour
Oméga^2 = 1 / L*C , fréquence propre du circuit.
A excitation damplitude constante, cest pour cette fréquence que le courant sera maximal dans le circuit et que la tension alternative sera maximale aux bornes du condensateur.
Cette sélectivité, qui permet daccorder un récepteur sur lémission désirée, est dautant meilleure que le facteur qualité q = pi / delta est plus grand . On appelle aussi q la surtension du circuit car cest le rapport entre une tension injectée dans le circuit et la tension observée aux bornes du condensateur, à la résonance.
Du Circuit Oscillant à lOscillateur
Nous savons quil va falloir lui adjoindre une source dénergie et un dispositif capable de moduler cette énergie sous le contrôle du circuit oscillant.
Lénergie est évidemment lénergie électrique, fournie par une des sources habituelles : piles, accumulateur, alimentation secteur.
Le dispositif modulateur est un dispositif amplificateur : lampe(s) ou transistor(s). Le nombre de montages possibles est considérable. Dune manière générale, une fraction de la puissance de sortie de lamplificateur est renvoyée sur lentrée, avec la phase convenable, par lintermédiaire du circuit oscillant ; celui-ci privilégie sa fréquence propre et, si tout est convenablement dimensionné, on obtient une oscillation quasi sinusoïdale.
Pour les fréquences très élevées, on remplace la self et la capacité discrètes par des lignes et, plus haut encore, par des cavités résonantes : cest le cas pour les magnétrons des radars ou prosaïquement de nos fours à micro-ondes (2450 MHz) et aussi pour les klystrons (radars, accélérateurs de particules).
En général, les oscillateurs électriques harmoniques démarrent tout seuls ; cela vient de ce que le gain de la boucle est le plus souvent supérieur à 1 au départ. Comme il y a toujours un " bruit " dû à la nature granulaire de lélectricité (bruit dagitation thermique, bruit de grenaille, etc ), ce bruit amplifié et ré-injecté donne naissance à une oscillation dont lamplitude croît rapidement ; mais cette croissance est limitée, car le gain de la boucle diminue lorsque lon atteint les parties de moins en moins linéaires des caractéristique de lorgane amplificateur et lamplitude se stabilise lorsque le gain de la boucle est exactement égal à 1 .
Evidemment, ces incursions dans les régions non-linéaires des caractéristiques altèrent la loi sinusoïdale de loscillation. Pour minimiser cet effet, il faut que le q du circuit oscillant soit le plus grand possible et que le couplage à lélément amplificateur soit juste ce qui est nécessaire à lentretien des oscillations.
A linverse, un circuit oscillant à faible q et un taux de ré-injection important conduisent à un fonctionnement qui nest plus du tout sinusoïdal et qui devient en fait un fonctionnement en relaxation (blocking oscillator). Nous faisons ainsi la jonction avec lautre classe doscillateurs.
Oscillateurs de Relaxation
Les oscillateurs de relaxation font appel, pour la définition de leur période, à ce que jai appelé, un peu par généralisation, des Constantes de temps. Ce terme a une définition rigoureuse en électricité, mais, même dans ce domaine, nous le prendrons comme le temps nécessaire pour accumuler de lénergie dun niveau " a " à un niveau " b " ou pour dissiper cette énergie du niveau " b " au niveau " a ". Cette formulation très générale sera mieux comprise par des exemples concrets :
Hydraulique : remplir un réservoir du niveau " a " au niveau " b ", ou le vider du niveau " b " au niveau " a ".
Thermique : échauffer un corps de la température " Ta " à la température " Tb " ou le refroidir de " Tb " à " Ta ".
Electrique : charger un condensateur de la tension " Ua " à la tension " Ub " ou le décharger de " Ub " à " Ua ".
Pour quune oscillation soit possible, il faut que lorsquon atteint le niveau supérieur de remplissage samorce un processus de vidange et que lorsquon atteint le niveau inférieur samorce le processus de remplissage ; il y a donc toujours deux constantes de temps, qui peuvent être égales, voisines ou très différentes.
Je vais décrire un oscillateur de chacun des trois groupes ci-dessus.
Oscillateur hydraulique : la fontaine intermittente.
Soit un récipient dont le fond est traversé par un siphon recourbé, le récipient étant plus haut que le coude supérieur du siphon. Un filet deau alimente le récipient. Lorsque le niveau de leau atteint lorifice de la petite branche du siphon (niveau " a "), leau monte à la fois dans le récipient et dans le siphon. Lorsque le niveau atteint le coude du siphon (niveau " b "), le siphon samorce et évacue de leau vers lextérieur ; si son débit est supérieur à celui de lalimentation, le niveau baisse et lorsquil atteint " a ", lair entre dans le siphon qui se désamorce et le cycle recommence.
Oscillateur thermique : les clignotants de voiture.
Une résistance est enroulée autour dune bilame, dont la courbure dépend de la température. Lextrémité de la bilame actionne un interrupteur à bascule, intercalé dans le circuit de la résistance. Lorsquon alimente lensemble, si linterrupteur à bascule est passant à froid, la résistance échauffe la bilame qui se cambre et qui, lorsque sa température atteint " Tb ", fait basculer linterrupteur. La bilame se refroidit alors et lorsque sa température est redescendue à " Ta ", elle fait basculer dans lautre sens linterrupteur et le cycle recommence.
Oscillateur électrique à tube à gaz.
Un tube à gaz, à cathode froide (lampe à néon, par exemple) ou à cathode chaude (thyratron), présente une tension damorçage de larc différente de la tension dextinction. Ces tensions dépendent de la nature et de la pression du gaz et de la nature et de la disposition des électrodes pour les tubes à cathode froide et, pour les thyratrons, la tension damorçage dépend en plus du potentiel de la ou des grille(s).
Mettons en parallèle un condensateur et un tube à gaz et chargeons progressivement le condensateur à travers une résistance, ou mieux un dispositif à courant constant : nous avons la traduction électrique de notre fontaine intermittente.
Lorsque la tension aux bornes du condensateur atteint la tension damorçage Ub, larc sallume et le condensateur se décharge jusquà la tension dextinction Ua et, si le courant dalimentation est insuffisant pour entretenir larc, celui-ci séteint et le cycle recommence.
La conductibilité de larc étant considérable, la décharge est très rapide et lon obtient ainsi des oscillations en dents de scie. Ces dents de scie, nécessaires pour le balayage de tubes cathodiques, sont obtenues maintenant par des dispositifs à transistors.
Les multivibrateurs, à lampes ou à transistors, sont des oscillateurs de relaxation.
On voit, par les exemples ci-dessus, que la fréquence dun oscillateur de relaxation est beaucoup moins stable que celle dun oscillateur harmonique. Il ne comporte pas de système possédant une fréquence propre et donc une modification de lalimentation en énergie entraîne une modification de le fréquence.
Bien des phénomènes cycliques naturels sont des oscillateurs de relaxation, à commencer par notre cur, dont les constantes de temps sont chimiques ou électrochimiques. Si son rythme était commandé par un oscillateur à quartz, il serait immuable et insensible aux émotions et le cur ne serait pas considéré comme le siège et le symbole de lamour !
Oscillations indésirables
Dans tout ce qui précède, nous avons vu des systèmes faits pour engendrer des oscillations ; mais celles-ci peuvent survenir là où elles ne sont pas souhaitées.
Partout où une partie de lénergie de sortie dun amplificateur peut être renvoyée sur son entrée, il y a risque doscillation non souhaitée. Et le cas est fréquent !
Le rebouclage de la sortie sur lentrée peut être accidentel ou imposé par la nature du système (servo-mécanismes).
Rebouclage accidentel.
Nous avons tous entendu les sifflements engendrés par leffet Larsen lorsque lénergie sonore des haut-parleurs dune sonorisation revient avec un niveau suffisant sur le microphone. La fréquence du son produit sajuste automatiquement pour que la boucle ainsi formée présente un gain unité avec la phase convenable.
Tous ceux qui ont eu à construire des amplificateurs de gain élevé savent combien il faut prendre de dispositions spéciales (découplages, blindages, plan de masse, etc ) pour éviter que lamplificateur " naccroche ". Un modeste gain de mille en tension est un gain dun million en puissance (sur résistances égales) et il suffit quun millionième de la puissance de sortie revienne sur lentrée pour que lamplificateur se transforme en oscillateur.
Rebouclage structurel
Il est des cas où la sortie dun système doit être rebouclée sur lentrée : cest le cas des amplificateurs à contre-réaction et des mécanismes de régulation ou dasservissement.
La contre-réaction est utilisée dans les amplificateurs dont la linéarité doit être aussi bonne que possible (notamment tous les amplificateurs audio Hi-Fi). Elle consiste à renvoyer sur lentrée une fraction de la tension de sortie, avec, naturellement, la phase sopposant aux effets du signal appliqué à lentrée. Cela diminue évidemment le gain de lamplificateur par un facteur qui peut être important et diminue ses distorsions dans un rapport analogue.
Malheureusement, les constantes de temps dues aux capacités et parfois aux selfs présentes dans la boucle ainsi formée font tourner la phase aux extrémités de la bande utile, et si le gain de la boucle est supérieur à lunité lorsque la phase a tourné de 180 degrés, lamplificateur se transforme en oscillateur ; cest dautant plus facile que le gain en boucle ouverte est plus grand et que le taux de contre-réaction est plus élevé.
Pour y remédier, il faut ajouter des circuits spéciaux faisant tomber le gain de la boucle en dessous de un avant que la rotation de phase ait atteint 180 degrés.
Dans les mécanismes de régulation ou dasservissement, un capteur compare la valeur de sortie avec une valeur de consigne, et, selon la différence constatée, agit sur un dispositif commandant la valeur de sortie pour diminuer le plus possible cette différence.
La nature fourmille de mécanismes de régulation ; ceux qui permettent la vie sont souvent admirables defficacité : régulation de la masse corporelle, de la composition sanguine et de la pression artérielle malgré le flux de nutriments traversant constamment les organismes, régulation de la température chez les animaux homéothermes (dont nous faisons partie), pour ne citer que les plus évidents. Si leurs effets sont évidents, leur structure lest beaucoup moins ; ne comptez pas sur moi pour vous dire où sont les capteurs et où est affichée la valeur de consigne !
Le premier mécanisme de régulation inventé par lhomme fut sans doute le " régulateur à boules ", imaginé par James Watt pour rendre constante, ou plutôt moins variable en fonction de la charge la vitesse de rotation de ses machines à vapeur. Le capteur est ici un ensemble de deux masses tournant autour dun axe vertical. La force centrifuge tend à écarter les masses avec dautant plus de force que la vitesse angulaire est plus grande : on utilise cette force pour fermer plus ou moins l'accès de la vapeur.
Les ingénieurs de lépoque ne tardèrent pas à constater que, si le système marchait bien lorsquon se contentait dune efficacité modérée, on obtenait un fonctionnement oscillatoire lorsquon tentait de pousser lefficacité de la régulation : au lieu dêtre constante, la vitesse augmentait, puis diminuait, augmentait à nouveau et ainsi de suite : on dit que la régulation " pompe ".
Ce phénomène éminemment nuisible est dû aux constantes de temps mécaniques (inertie des masses, élasticité de la vapeur, etc ) qui font tourner la phase de laction ; comme en électronique, si le gain de la boucle nest pas tombé en-dessous de lunité quand la phase a tourné de 180 degrés, une oscillation samorce.
Tous les systèmes de régulation ou dasservissement sont exposés à ce risque, et dautant plus que lon recherche une performance élevée : plus le gain de la boucle est grand, plus il a de chances dêtre encore supérieur à 1 quand la phase aura tourné de 180 degrés. Lorsque je parle du gain de la boucle, il sagit du gain du système mesuré en boucle ouverte, facilement mesurable dans les systèmes électroniques, moins accessible dans les systèmes purement mécaniques ; mais la théorie est la même.
Lobtention dune régulation ou dun asservissement de hautes performances, souvent très délicate, nécessite ladjonction de dispositifs modifiant la relation gain / phase en fonction de la fréquence.
>>>>>>>>
<<<<<<<<
Retour au
Sommaire