Interférences et Diffraction.
Pour ne pas trop diluer lexposé de lévolution des idées sur la nature de la lumière, jai repoussé en appendice de dire quelques mots des interférences et de la diffraction. Ces deux phénomènes sont présents chaque fois quil y a propagation par ondes.
Prenons par exemple les ondes sonores. Si nous disposons dune source sonore continue donnant une note pure (la plus pratique est un haut-parleur attaqué par un générateur audio-fréquence), on constate facilement quen se déplaçant dans la pièce on trouve des positions où le son est fort et dautres où il est beaucoup plus faible, parfois presque nul. Cela est dû à la réflexion des ondes sonores sur les murs ou autres surfaces. Les ondes directes et les ondes réfléchies interfèrent : comme leurs trajets sont différents, il y a des lieux où elles arrivent en phase (maximum de son) et dautres où elles arrivent en opposition (minimum de son).
Dans le domaine des ondes hertziennes, le fading qui affecte souvent la réception des ondes courtes provient de linterférence dondes ayant suivi des trajets différents dans leurs réflexions sur les couches ionisées de latmosphère et arrivant, suivant les moments, en phase ou en opposition.
Sauf dispositions spéciales très difficiles à atteindre, les interférences se constatent pour des différences de marche dun petit nombre de longueurs donde.
Dans les deux cas ci-dessus, les longueurs donde des ondes considérées sont comprises entre lordre du décimètre et celui de lhectomètre.
Mais en optique, les longueurs donde sont de lordre du demi-micromètre.
On peut donc sattendre à ne pouvoir observer les interférences quà laide de dispositifs très délicats. Cest partiellement vrai et les interférences lumineuses ont été étudiées à laide des miroirs ou du bi-prisme de Fresnel, de la bi-lentille de Billet, des interféromètres Pérot-Fabry, etc
Mais nous pouvons en observer de très belles à peu de frais : il suffit de faire des bulles de savon. Ces bulles sont formées dune paroi aqueuse très mince, qui va dailleurs en samincissant à mesure que la bulle gonfle, ou simplement que leau sévapore
. Eclairées en lumière blanche, les bulles suffisamment minces présentent des zones colorées souvent très belles dues aux interférences entre les rayons réfléchis sur la face externe de la paroi et ceux réfléchis sur la face interne ; lépaisseur étant de lordre de quelques longueurs dondes, certaines radiations de la lumière blanche sont affaiblies et dautres renforcées, en sorte que la lumière réfléchie résultante nest plus blanche, mais colorée, cette couleur variant selon lépaisseur de la paroi à lendroit regardé et lincidence des rayons lumineux.
Des couleurs dinterférences dues à un mécanisme différent sont observée en regardant sous certaines incidences un CD audio ou CD-Rom : les sillons sont assez fins et proches pour agir comme réseau de diffraction et décomposer la lumière blanche comme un prisme.
Au lieu dobserver des couleurs, on peut observer des franges dinterférences, cest ce que permettent les dispositifs scientifiques mentionnés plus haut. Il vaut mieux, alors, travailler en lumière monochromatique, car en lumière blanche les divers systèmes de franges dus aux différentes composantes se superposent et lon ne peut observer que quelques franges peu nettes.
Un appareil optique très peu coûteux (imbattable à ce point de vue !) est celui des Trous dYoung qui a permis à ce médecin anglais dobserver le premier des franges dinterférence.
Prenez un morceau de papier opaque ou un bristol mince (carte de visite) et avec laiguille la plus fine que vous pourrez trouver, faites deux trous très petits très près lun de lautre (diamètres et distance de lordre du dixième de millimètre).
A travers cet " appareil ", regardez une source lumineuse de forte brillance aussi ponctuelle que possible. Les traités de Physique recommandent le " point brillant " dune bille dacier recevant les rayons solaires. Une ampoule de lampe de poche à filament ramassé, sans aucune " optique " autour, fait peut-être laffaire si on lobserve de plusieurs mètres. Intercalez si possible sur le trajet des rayons lumineux un filtre rouge, la visibilité des franges sera considérablement améliorée.
Vous verrez une petite tache ronde, entourée danneaux pas toujours bien visibles, la tache étant striée de fines rayures perpendiculaires à lalignement des trous, dautant plus écartées que les trous sont plus proches : ce sont des franges dinterférence.
Quant à la tache ronde et aux anneaux, ce sont la Figure de diffraction créée par le passage de la lumière à travers les petites ouvertures.
Cest ce phénomène de diffraction qui, dans cette expérience, permet lobservation des franges : en raison de la propagation rectiligne de la lumière, les deux faisceaux passant par les trous ne devraient pas avoir de zone commune et donc ne pourraient pas interférer.
La propagation rectiligne de la lumière est perturbée par les obstacles comme les bords dun orifice ; cet effet est dautant plus sensible que lorifice est moins grand par rapport à la longueur donde.
Ce sont ces effets de diffraction qui limitent le pouvoir séparateur des instruments doptique, microscopes ou télescopes.
Doù la recherche de grandes ouvertures pour les télescopes et la compétition entre les observatoires, à qui aura le plus grand miroir.